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ABABSA Rachida Chahida

La stratégie américaine au Moyen-Orient : entre désengagement et déclin (2001-2016)

Publié le 22 ao?t 2024 Mis à jour le 22 ao?t 2024

Thèse en Littératures et civilisations du monde anglophone, soutenue le 19 janvier 2024.

Depuis l’invasion de l’Irak en 2003, les ?tats-Unis font face à de nombreux défis dans le monde arabe. Jamais la politique étrangère américaine n’a connu autant de revers agissant sur sa trajectoire dans la région. Pris dans la tourmente de la guerre, Washington s’est heurté à plusieurs reprises à la complexité du paysage irakien qui s’est davantage complexifié par une région arabe résistant à tout changement. Pris d’assaut par les tensions sectaires, ethniques et idéologiques de l’Irak, les responsables américains se sont retrouvés plus ou moins démunis d’un point de vue stratégique, et cette défaillance s’est répandue à l’ensemble de la région. Certes, matériellement l’armée américaine a dominé les terrains de guerre, mais l’absence d’une stratégie déterminée et à long-terme a mis à rude épreuve l’atteinte des objectifs que Washington s’était fixés au début de la guerre : lutte anti-terroriste et promotion des valeurs démocratiques. Ces deux objectifs avaient à leur tour deux objectifs sous-jacents : la défense des intérêts vitaux des ?tats-Unis et la préservation de l’hégémonie américaine dans le monde arabe. Si l’Irak était un point de départ prometteur pour la stratégie américaine, il s’est vite présenté comme un chemin délicat pour les ?tats-Unis. Bien que les responsables américains aient jonglé entre unilatéralisme, multilatéralisme, puissance intelligente et puissance de coercition, les stratégies américaines à moyen et à court terme ont été compromettantes à l’égard de leur efficacité. Face à cet région rebelle, les ?tats-Unis optent pour un désengagement qui désormais nourri les intentions de la Chine et de la Russie. Chacune de ces deux puissances tente de consolider sa place dans le monde arabe de jour en jour, les relations diplomatiques entre les pays arabes, la Chine et la Russie semblent plus prometteuses et des pays traditionnellement pro-américains comme l’Arabie saoudite ou les ?mirats arabes Unis ont, par exemple, pris l’initiative de rejoindre les BRICS. Tout au long de cette thèse, nous avons pu suivre de près la politique étrangère américaine dans le monde arabe depuis l’invasion de l’Irak jusqu’en 2016, les différentes trajectoires empruntées, les changements opérés par les responsables américains et les causes de ces changements. Certes, les ?tats-Unis restent un allié infaillible pour beaucoup de pays arabes et demeurent un acteur irréversible pour la stabilité régionale et mondiale et ceci remet en cause l’hypothèse du déclin ; néanmoins le bilan des interventions américaines depuis la chute de Bagdad n’est pas reluisant menant le monde vers un nouvel ordre, puisqu’un monde unipolaire régi par la puissance américaine n’est plus d’actualité.


Mots-clés : ?tats-Unis ; Politique étrangère ; Irak ; Moyen-Orient ; Hégémonie ; Unilatéralisme ; Multilatéralisme ; Lutte antiterroriste ; Démocratie ; Interventionnisme ; Bush ; Obama ; Puissance intelligente ; Coercition

Since the invasion of Iraq in 2003, the United States has met numerous challenges in the Arab world. Never before has American foreign policy experienced so many setbacks impacting its trajectory in the region. Caught up in the turmoil of war, Washington has repeatedly come up against the complexity of the Iraqi landscape, made all the more complex by an Arab region resistant to change. Taken over by Iraq's sectarian, ethnic and ideological tensions, American leaders found themselves more or less powerless from a strategic point of view, and this failure has spread to the whole region. While the US military dominated the battlefields in material terms, the absence of a determined, long-term strategy severely hindered the achievement of the goals that Washington had set at the start of the war: the fight against terrorism and the promotion of democratic values. These two objectives in turn had two underlying goals: the defense of vital U.S. interests and the preservation of American hegemony in the Arab world. If Iraq was a promising starting point for American strategy, it soon proved to be a delicate path for the United States. Although U.S. officials have juggled with unilateralism, multilateralism, smart power and hard power, U.S. medium- and short-term strategies have compromised their effectiveness. While facing this rebellious region, the United States is opting for a disengagement that is now energizing the intentions of China and Russia. Each of these two powers is trying to consolidate its place in the Arab world day by day, diplomatic relations between Arab countries, China and Russia seem more auspicious, and traditionally pro-American countries such as Saudi Arabia and the United Arab Emirates have, for example, taken the initiative of joining the BRICS. Throughout this dissertation, we have scrutinized the American foreign policy in the Arab world from the invasion of Iraq to 2016, the different trajectories deployed, the changes made by American officials and the causes leading to these changes. Admittedly, the United States remains an infallible ally for many Arab countries and an irreversible player in regional and global stability, and this calls into question the hypothesis of decline. Nevertheless, the record of American interventions since the fall of Baghdad is not a glowing one, leading the world towards a new order, since a unipolar world ruled by American power is no longer topical.

Keywords: USA ; Foreign policy ; Iraq ; Middle-East ; Hegemony ; Unilateralism ; Multilateralism ; Counter-terrorism ; Democracy ; Interventionism ; Bush ; Obama ; Smart power ; Hard power

Directeur de thèse : Frédéric ROBERT

Membres du jury :
- M. ROBERT Frédéric, Directeur de thèse, Maitre de conférences habilité à diriger des recherches, Université Jean Moulin Lyon 3,
- M. DELPERO Mario, Rapporteur, Professeur des universités, Science P? Paris,
- Mme RAFLIK GRENOUILLEAU Jenny, Rapporteur, Professeure des universités, Université de Nantes,
- Mme CIZEL Annick, Ma?tre de confèrence, Université Paris 3 Sorbonne Nouvelle.

Président du jury : Mario DELPERO