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MANGLOU Mélissa

Plastiques, déchets et travail à La Réunion. Pour une écologie politique des métabolismes socio-environnementaux en post-colonie

Publié le 26 ao?t 2024 Mis à jour le 26 ao?t 2024

Thèse en Géographie - Aménagement, soutenue le 14 mars 2024.

Cette thèse propose une étude matérialiste et post-coloniale des plastiques et de leurs déchets à La Réunion, territoire post-colonial fran?ais particulier. En partant d’une perspective d’écologie politique, elle déploie une analyse qualitative des circulations matérielles qui irriguent l’?le. Nous parlerons de métabolismes socio-environnementaux, pour aborder comment le gouvernement des circulations organise de manière systémique la transformation des socio-écosystèmes. La proposition théorique de cette thèse, formulée à partir d’intuitions issues du terrain et de lectures, est qu’il y a un intérêt épistémique et politique à étudier les plastiques et leurs déchets en tant qu’ils sont produits par un travail, et en tant qu’ils sont permis par une certaine division internationale du travail. La première partie s’intéresse aux conditions de production des connaissances dans le contexte politique du Plantationocène. Elle inscrit notre étude dans le sillon des chercheur-euses qui se sont intéressé-es aux changements globaux à l’aune du legs de la colonisation moderne et des questions de justice sociale que pose l’économie mondialisée. La seconde partie s’attelle à décrire le processus de formulation du ? problème déchet ? par la sphère gestionnaire : dans cette ancienne colonie devenue département fran?ais, comment les déchets ont-ils été ? mis en gestion ? ? Quels sont les enjeux socio-politiques derrière le gouvernement des circulations ? La dernière partie propose des pistes d’exploration des points de contact entre travail, déchet et écologie en dehors de la sphère gestionnaire. Elle s’intéresse au travail en tant qu'il transforme et organise corps, environnements et structures sociales, à l'échelle internationale (par la division internationale du travail, par le positionnement géopolitique des territoires qui se joue dans ce partage inégal du travail), à l'échelle territoriale (par la ? mise en valeur ? et la structuration du territoire que permettent le travail des habitant-es et le travail externalisé en dehors du territoire) et à l'échelle sociale (par l'importance de l'emploi dans les manières de ? faire société ? en post-colonie). Il s’agira enfin d’ouvrir la réflexion sur d'autres manières de concevoir l'écologie en lien avec les questions de propriété et plus largement d'accès à la terre et aux ressources, en lien avec la capacité à se nourrir ou à déléguer le travail de subsistance aux pays des Suds, en lien enfin avec le pouvoir qu'exercent les cultures dominantes quant aux fa?ons d'habiter et de travailler la terre.


Mots-clés : Métabolisme ; Post-colonialisme ; Plastiques ; Déchets ; Réunion ; Insularité ; Circulations ; ?cologie politique ; Travail

This PhD thesis provides a materialist and post-colonial analysis of plastics and plastic waste flows in Reunion Island. Looking at the former French colony from a political ecology perspective, it puts forward a qualitative analysis of the material flows that shape the island. We use the notion of socio-environmental metabolism to engage with the systemic transformation of socio-ecosystems that the government of material flows entails. The key theoretical proposition of this thesis is that there is much to be gained in looking at plastics and their waste as a product of work, as a result of a particular division of labour. Following researchers who studied global changes through the prism of colonial legacy and social justice on the scale of our global economy, the first part of the manuscript addresses the intricacies of knowledge production in the political context of the Plantationocene. The second part endeavours to describe the process through which waste came to be strictly framed as a management problem as the former colony transitioned to the status of a French “département”. What is at stake in the government of waste flows by waste management services ? The last part explores the interrelations between work, waste and ecology outside of waste management. We seek to look at labour as a socio-spatial force which organises and transforms bodies, environments and social structures. On an international scale, our study will take into account the geopolitical positioning of post-colonial territories which is at play in the international division of labour. On a territorial scale, we will engage with the fact that the land is structured and ? developped ? both through the localisation and the externalisation of labour. On a social scale, our inquiry engages with how much employment has played an important part in the construction of a collective, post-colonial identity on the island. How can we conceive of ecology in relation to issues of land ownership and access to the land, as well as in relation to the capacity to feed oneself as a society without having to externalise subsistence work to the Global South ? How can we envision ecology in relation to the way dominant cultures dictate how one should live and work the land ?

Keywords: Metabolism ; Post-colonialism ; Plastics ; Waste ; Reunion ; Island ; Flows ; Political ecology ; Labour ; Work 

Directeur de thèse : Karine BENNAFLA et Nathalie ORTAR

Membres du jury :
Mme BENNAFLA Karine, Directrice de thèse, Professeure des universités, Université Jean Moulin Lyon 3,
Mme ORTAR Nathalie, Co-directrice de thèse, Directrice de recherche, ENTPE Vaulx en Velin,
Mme JEANJEAN Agnès, Rapporteure, Professeure des universités, Université Nice C?té d'Azur,
Mr VERDEIL Eric, Rapporteur, Professeur des universités, Science P? Paris,
Mr BATTERBURY Simon, Professeur, Melbourne Université, Australie,
Mme ROCHER Laurence, Ma?tre de Conférence habilité à diriger des recherche, Université Lumière Lyon 2,
Mme THIANN-BO MOREL Marie, Ma?tre de conférence, Université de La Réunion, Saint Denis.

Président du jury : Agnès JEANJEAN